RATP Dev : de la croissance rentable
Juin 2012 - N° 1225 - Actualités
Commentant les résultats 2011 et sa stratégie pour 2013-2017, Jean-Marc Janaillac, directeur général de RATP Dev a annoncé de proches conquêtes en France et à l’international où l’entreprise réalise déjà près de 60% de son chiffre d’affaires. Lequel a triplé depuis 2009 à 603 millions d’euros. Les Etats-Unis, le Maghreb et l’Asie sont des terrains de chasse.
Il ne s’agit pas de grandir trop vite, notre actionnaire nous demande de la croissance rentable», a résumé le patron de la filiale de la RATP lors d’une rencontre avec la presse spécialisée le 10 mai. RATP Dev a vraiment pris son envol à partir de 2004 lorsqu’elle a remporté plusieurs contrats à l’étranger, en Grèce pour le RER d’Athènes, à Florence pour l’exploitation du tramway et à Casablanca pour le réseau de bus. «En 2005, nous réalisions 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, en 2009, nous étions à 200 millions, et en 2011, à plus de 600 millions. Nous avons triplé nos activités en trois ans», se félicite celui qui dirige la filiale depuis 2004. Le gros contrat conclu en Afrique du Sud avec le Gautrain - 56 km de lignes ferroviaires entre Johannesbourg et Pretoria mis en service en 2010 et 2011 - a signé le vrai décollage de RATP Dev. Depuis, l’entreprise a mis le turbo en France et à l’étranger où elle réalise près de 60% de son chiffre d’affaires. Elle garde les yeux rivés sur l’étranger car c’est hors les murs que les affaires sont plus juteuses, les marges plus confortables. «En France, on dégage un tout petit peu de rentabilité», confirme Laurence Battle, directrice financière. Ce qui ne veut pas dire que le transporteur se détourne du marché français. Présent en Rhône-Alpes, à l’est à Charleville-Mézières, il a raté son entrée à Amiens et Clermont-Ferrand, mais confirme sa présence en région Centre. «Les élus ont envie d’avoir un outsider face aux deux poids lourds que sont Veolia Transdev et Keolis dans les appels d’offres, mais on ne veut pas être le troisième homme juste pour challenger le candidat sortant», décrit Jean-Marc Janaillac. «Il faut être fort dans son pays pour pouvoir se développer à l’étranger», poursuit Emmanuel Ansart, directeur de la business unit France.
«Pas toujours des pépites»
Ayant récupéré 340 millions d’euros d’actifs après la fusion entre Veolia et Transdev en 2010 (16 réseaux de transport urbains et interurbains dont 13 en France) puisque la RATP détenait 25% de Transdev, RATP Dev a retrouvé au passage les coudées franches sur le marché hexagonal. «Même si les actifs récupérés n’étaient pas toujours des pépites», glisse Jean-Marc Janaillac. En effet, Veolia Transdev ne voulait pas céder ses trésors de guerre à la RATP qui ne cachait déjà pas ses ambitions, notamment à l’international. Vite débarrassée de l’encombrant réseau de transport de Gênes ainsi hérité, RATP Dev a redressé ses activités en Italie et compte se positionner sur de nouveaux appels d’offres régionaux transalpins. La Grande-Bretagne, pilier du groupe qui représente un tiers du CA de RATP Dev (avec notamment Londres et Manchester), reste un important terrain de chasse avec le métro automatique des Docklands et le Crossrail, le RER londonien, dans le viseur. Idem pour les Etats-Unis, comme en atteste le tout récent gain du réseau de bus d’Austin au Texas, une ancienne régie publique. Cette conquête marque «le début d’un grand développement outre-Atlantique, notamment pour des villes à tramways», commente Laurence Broseta qui dirige la BU internationale. Le groupe vise aussi les Brisco (Brésil, Russie, Inde, Chine), le Maghreb où il exploite déjà le métro d’Alger et va bientôt prendre le volant du tram de la capitale algérienne. «Nous venons de signer un accord avec le ministère des Transports algérien pour plusieurs tramways», confie Jean-Marc Janaillac qui devrait annoncer un tout prochain marché au Maghreb.
Joint venture avec Veolia en Asie
Les avancées sont plus laborieuses en Chine mais le groupe est déjà implanté en Asie (métro de Séoul et de Mumbai, bus de Hong Kong, Nanjing et Macao). «Il n’y a pas de grandes concrétisations en Chine, malgré trois ans de négociations intenses, hormis des contrats de consulting», regrette le dirigeant de RATP Dev qui est en joint venture avec Veolia Transdev sur ce continent. Et ambitionne de récupérer les 50% de Veolia lorsque le groupe se sera défait de son activité transport, en faisant valoir une clause du contrat de joint venture en cas de changement de capital de l’un des actionnaires. «C’est notre droit et on a bien l’intention de l’exercer», a confirmé Jean-Marc Janaillac. En ligne de mire, d’importants projets de métros sur le continent asiatique. «Je me fais taper sur les doigts par mes collaborateurs quand je dis que RATP Dev est une start up. Ce n’est plus vrai aujourd’hui, même si nous en avons gardé la flexibilité, raconte cet ancien dirigeant d’AOM et de Maison de la France. On n’est pas là pour exporter les produits RATP mais on s’appuie sur les spécialistes de la RATP et leur savoir-faire en matière de métro et de tramway pour nous exporter», ajoute t-il. Une start up avec un poids lourd sous le pied.